Peine perdue, rentrée depuis quelques heures je me suis rendue vers mon cinéma de prédilection. Aucune volonté je vous dis…
Surtout quand l’envie de voir Kristin Scott-Thomas déchirée entre Yvan Attal et Sergi Lopez est la plus forte.
Point de départ : Suzanne, quarantaine éblouissante, mariée au beau docteur, maman de deux enfants a priori sans problèmes (une vraie pub cette famille) reprend son activité de kiné et se fait aménager un cabinet dans la petite maison au bout du joli jardin. Parfait. L’affaire se gâte quand arrive le loup dans la bergerie, oups, le beau maçon sur le chantier.
Malgré le schéma classique du « tu ne partiras pas, tu n’auras rien », elle part quand même, les enfants s’en mêlent, on se bat dans les couloirs de la belle maison hollywoodienne.
Ou quand pour survivre après avoir quitté une vie (très) confortable, elle en est réduite à vendre ses bijoux dans une station service pour payer quelques litres d’essence. Sordide…
«Partir» est l’histoire d’une rupture, en pire. Pourquoi «en pire», parce que en plus de ne plus s’aimer, on arrive à se haïr. Il est sans doute illusoire de prôner la «rupture propre», celle où deux adultes parviennent à surmonter leurs aigreurs pour terminer leur histoire sans tomber dans l’odieux. Mais il ne s’agit pas que de partager la maison, les tasses à café, la moitié de la voiture ou le tableau du salon. Suzanne réclame la moitié de sa vie. Celle de la mère de famille qui a élevé ses deux loupiots, qui n’a jamais manqué un match de tennis, qui a accompagné son médecin de mari tout au long de sa carrière. «Parce que je pars, je n’aurais droit à rien ?». Alors oui, elle part, comme elle est venue, sans rien. Kristin Scott-Thomas est à la fois désespérée et magnifique. Au bout de quelques temps, devant un chantage redoutablement bien mené par un Yvan Attal parfait (dont je ne sais toujours pas s’il veut récupérer la femme qu’il aime ou s’il est vexé de l’avoir perdue au profit du «mec qui bosse au noir»), elle n’a d’autre choix que de revenir, pour que le drame s’achève.
«Partir», pourquoi pas ? Sans rien, pour un homme ou pour personne, juste parce qu’on ne s’y retrouve plus dans un quotidien qui ressemble si peu à la vie qu’on essayait de construire. Le plus difficile n’est pas de partir, mais de recommencer à partir de rien. Heureusement, tout est souvent possible et cette nouvelle vie chèrement gagnée peut être une véritable récompense. Dans le cas de Suzanne, partir oui, revenir hélas, mais souffrir une fois de trop…